Istanbul de notre correspondant
Après avoir tâtonné, par manque d'expérience et de vision, les islamistes modérés au pouvoir en Turquie essaient de se raccrocher au train américain. Le gouvernement du nouveau Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, va demander aujourd'hui au Parlement d'autoriser l'aviation américaine engagée contre l'Irak à survoler le pays. Mais cette mesure, en retrait des exigences initiales de Washington, prive la Turquie d'importantes aides économi ques. «Ankara, en outre, ne sera pas maître de la situation au Kurdistan irakien», explique Ertugrul Kurkcu, coordinateur du BIA, centre d'étude et de formation des médias soutenu par l'Union européenne. Les autorités turques exigent de pouvoir déployer au nord de l'Irak 40 000 soldats afin d'y empêcher l'émergence d'un Etat kurde.
Hostilité. Alors que l'intervention américaine en Irak était sur le point de commencer, le gouvernement de l'AKP (Parti de la justice et du développement) a finalement étudié la dernière demande de Washington : l'ouverture de l'espace aérien (au moins 8 corridors) aux avions de combat américains et l'utilisation des bases et des aéroports turcs. Le Premier ministre espérait en échange une déclaration de Washington sur un soutien économico-financier exceptionnel à la Turquie. Il a dû déchanter. L'offre de 6 milliards de dollars, initialement promise par les Américains, «n'était valable qu'en cas de totale coopération militaire» avec les Etats-Unis, a dû expliquer le ministre de l'Eco