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Libération
Éditorial

Sauver l'ONU

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publié le 20 mars 2003 à 22h13

Une guerre peut toujours en cacher une autre. L'Irak kidnappe le Koweït en 1990. Les Nations unies s'accordent sur la nécessité de faire respecter la souveraineté de la principauté pétrolière. Une coalition politico-militaire se forme et les Etats-Unis transforment le désert saoudien en garnison. 700 000 hommes s'entassent dans le pays qui abrite le saint des saints de l'islam. Dix ans après, Ben Laden et Al-Qaeda jettent plusieurs avions de ligne contre le World Trade Center et le Pentagone.

Le leader terroriste n'a jamais caché que cette concentration militaire «impie» en Arabie Saoudite avait été à l'origine de l'attaque la plus dévastatrice subie par les Etats-Unis sur leur territoire. Cette guerre qui légitimait une forme de régulation internationale aura cependant mis à feu une réaction terroriste mondialisée.

Cette fois, il ne s'agit pas de mettre 700 000 hommes en Arabie Saoudite pendant quelques mois, mais 250 000 hommes pendant plusieurs années en Irak, au coeur du monde arabo-musulman, pays abritant d'autres lieux saints de l'islam. Sans qu'il y ait proportionnalité, on peut redouter le pire.

A la différence de la guerre de 1999 dans l'ex-Yougoslavie, où l'aviation américaine avait été décisive pour que les Serbes abandonnent le Kosovo, à la différence de l'Afghanistan en 2001, où les forces américaines ont mis un terme à la dictature des talibans sans avoir à occuper massivement le pays, à l'administrer directement, les Etats-Unis sont, cette fois, décidés à faire d