En uniforme et gilet pare-balles, le ministre irakien de l'Intérieur brandit un fusil-mitrailleur devant les caméras réunies pour la conférence de presse et assure que son fils de 12 ans en possède un pareil. Les soldats irakiens qui lèvent des drapeaux blancs sur les routes ne sont pas des soldats irakiens. Les images de chars qui foncent dans le désert du Sud irakien n'ont pas été tournées dans le Sud irakien. Les missiles Scud qui auraient été lancés par les forces irakiennes ne sont pas des missiles Scud. Les forces américano-britanniques n'ont pas pénétré dans la ville de Oum Kasr. Bref, tout est faux.
La chaîne d'information qatarie Al-Jezira ne commente pas cet invraisemblable démenti. Elle continue de montrer les prisonniers irakiens avançant les mains sur la tête sur les routes du Sud. «Les Irakiens de cette région sont contents d'être bientôt débarrassés de Saddam qui les opprime depuis si longtemps en tant que chiites, dit un chercheur des Emirats arabes unis. Mais ils ne peuvent soutenir une force étrangère qui envahit leur pays. Même au moment de la guerre Irak-Iran, ils n'ont pu se solidariser avec les Iraniens, pourtant chiites comme eux.»
Ce dilemme semble aujourd'hui être celui d'Al-Jezira. Au moment où le sang arabe coule, et risque de couler encore plus, la chaîne a du mal à proclamer sa grille de lecture à la fois antiguerre et anti-Saddam. Elle s'en sort en s'en tenant aux faits, sans éditorial ni table ronde. «L'opinion... et l'opinion de l'autre» : telle