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Libération

Le Caire prend des airs d'insurrection

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Violentes manifestations et vives critiques contre Moubarak.
publié le 22 mars 2003 à 22h16

Le Caire de notre correspondante

Des pierres volent dans tous les sens. Le portrait géant d'Hosni Moubarak, accroché au Pont du 6-Octobre, est arraché, déchiqueté, piétiné par les manifestants enragés. «Va-t'en, va-t'en, entend-on crier, à bas les leaders arabes.» Sur le pont, des milliers de manifestants hurlent. Quelques-uns brandissent un drapeau français.

Grande prière. Vendredi en fin d'après-midi, Le Caire avait des allures insurrectionnelles. Fait exceptionnel pour la capitale égyptienne, où la loi d'urgence, en vigueur depuis plus de vingt ans, interdit toute manifestation hors de lieux clos comme les mosquées ou les universités.

La tension avait commencé à monter dès la matinée. A la mosquée d'Al-Azhar, haut lieu de l'islam sunnite, près de 5 000 personnes s'étaient rassemblées pour la grande prière du vendredi. Les fidèles ont entonné des appels au jihad. Certains, grimpés sur le toit de la mosquée millénaire, ont alors jeté sur la police des meubles, des marteaux, faisant plusieurs blessés. D'autres groupes se sont ensuite joints aux manifestants, affrontant la police à coups de pierres. «Je n'ai jamais vu ça depuis 1977 [date des émeutes de la faim après l'augmentation du prix du pain, ndlr], affirme Ali, un ingénieur. Moubarak crée des frustrations très dangereuses, on a besoin de démocratie !»

Canon à eau. A chaque carrefour du centre, des barrages de police. Des bris de verre et des pierres témoignent de la violence des affrontements. Les commerçants ont tiré leur