Fini le pacifisme tranquille. Bagdad est sous les bombes et, à Paris, les antiguerre se radicalisent. «Parce que, dans les rues, au Kurdistan, ce ne sera pas des frappes chirurgicales mais des frappes médiévales», s'indigne Anne-Sophie, professeur d'histoire.
Près de 90 000 personnes ont manifesté samedi à Paris entre la place de la République et celle de la Nation. Un peu moins nombreux qu'en février, mais plus déterminés. Et encadrés par une centaine d'organisations politiques et syndicales de gauche et d'extrême gauche, ainsi que par 5 000 policiers. Un cortège «contre l'impérialisme américain», à forte dominante propalestinienne et qui a fait le plein chez les jeunes beurs de banlieue. «Chirac président du Maghreb en ce moment, c'est énervant vu sa politique intérieure. Mais sa position sur l'Irak est indiscutable. Y'a pas que Bush, y'a des peuples !», martèle Nelly, une institutrice. Pour tous, l'urgence est de scander: «Nous sommes tous des Irakiens». «On ne peut cautionner Saddam. Mais Bush avec ses bombes ne les sauve pas vraiment», explique Omar, étudiant. «Pour éliminer un dictateur, on envoie un tapis de bombes», dénonce Imad, son copain expert-compable. Les slogans «Non à la guerre» repris par la Fédération indépendante lycéenne sonnent creux. Puisque la guerre a déjà commencé, «marcher ici peut modérer la violence américaine là-bas», espère un militant d'extrême gauche. «Rappelez-vous le Vietnam, les manifs ont été décisives. C'est le même défi contre cette guerr