Salaheddine (Kurdistan irakien) envoyé spécial
Avec ses rayonnages réfrigérés et ses faux airs de supermarché occidental, le libre-service Bawar attire les familles kurdes en goguette dominicale sur les hauteurs de Salaheddine. On trouve ici, en quantités, des produits importés à grand prix d'Iran ou de Turquie, absents des échoppes du bazar. Couches-culottes, parfums français, pizzas surgelées à des tarifs prohibitifs. Si les visiteurs sont nombreux au soir des retours de week-end, les clients, en journée, se font rares. L'entrée nonchalante de quatre gaillards en tenue de combat des forces armées américaines, hier matin, dans la supérette déserte, n'aura donc provoqué de stupeur que parmi le personnel. Trois géants bien bâtis, un jeune lieutenant émacié, tous sanglés dans des uniformes impeccables aux couleurs du désert, harnachés de gilets d'assaut, portant bas le pistolet sur la cuisse, un fusil-mitrailleur à la saignée du coude et emplissant à ras bord leurs chariots de rouleaux de papier toilette.
Emplettes. Indifférent à la curiosité qu'il suscite, le sergent-chef Cornelius poursuit calmement ses emplettes. Sacs-poubelle, serpillières, savons, détergents en quantités astronomiques. De quoi récurer un baraquement assez grand pour abriter une centaine d'hommes. Le lieutenant voudrait trouver rapidement des cafetières, de larges feuilles de papier, des stylos, des crayons, des adaptateurs pour prises électriques ainsi que des puces locales pour téléphones portables afin de