Il est écrit «Iraq TV» sur le micro tendu brutalement aux prisonniers américains terrorisés tombés aux mains des forces irakiennes. Les images des corps occidentaux tués au cours de la bataille de Nasiriyah ont elles aussi été fournies par la télé de Bagdad. Peu désireuse d'être perçue comme l'outil de Saddam Hussein après avoir été présentée comme celui de Ben Laden, Al-Jezira n'insiste pas sur la rediffusion.
Elle a de quoi faire avec ses propres images. Turban noir sur la tête (signe qu'il est descendant du Prophète), le haut dignitaire chiite irakien Baker el-Hakim apparaît à l'écran et dit calmement que «ce n'est pas une guerre de libération comme le prétendent les Américano-Britanniques, mais une guerre d'agression. Nous qui sommes pourtant les plus fermes opposants du régime irakien ne voulons aucune part à cette guerre».
Les images de la cinquantaine de civils tués à Bassora dans un bombardement reviennent en boucle. Tout comme la colère folle des manifestants à Khartoum, brandissant curieusement des branches d'arbre pour protester contre la mort de l'un des leurs, tué par la police soudanaise. Rage aussi chez les étudiants du Caire qui conspuent la trahison des régimes arabes. Un commentateur égyptien affirme que les Irakiens sont en train de «venger les Palestiniens et les peuples arabes qui subissent depuis si longtemps l'oppression».
Les dirigeants irakiens multiplient les apparitions pour glorifier «la résistance héroïque du pays» et proclamer que «le peuple irakie