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Libération
Éditorial

La vraie guerre

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publié le 24 mars 2003 à 22h18

Au quatrième jour, la guerre, la vraie, s'invite via les écrans de télévision dans les salons américains et britanniques, avec le décompte des soldats anglais et américains tués ou faits prisonniers ­ victimes d'accidents, de «tirs fratricides» ou de l'armée irakienne. Celle-ci ne s'est ni désintégrée sous «le choc et l'effroi» des bombardements, ni révoltée contre le régime de Bagdad, qui n'a pas été «décapité». Dans le brouillard de la guerre, il faut se garder des jugements définitifs dont sont coutumiers les stratèges en chambre, tout autant que des communiqués de Washington ou de Bagdad. L'offensive anglo-américaine n'est certes pas une promenade militaire, mais on n'est pas encore dans le scénario-catastrophe que certains appellent de leurs voeux. Bagdad sera peut-être assiégé dès aujourd'hui ou demain, et le régime de Saddam Hussein peut-être bientôt «fini», comme le clame déjà Donald Rumsfeld. Mais la vérité est que, pour l'heure, l'armée irakienne résiste tant bien que mal. Saddam est toujours en place. Nulle part, même pas dans le Sud chiite, on n'a vu de soulèvement populaire ni de manifestations d'enthousiasme des Irakiens «libérés». Bavures et «dommages collatéraux», c'est-à-dire les victimes civiles irakiennes, se multiplient, comme dans toute guerre.

Les Etats-Unis sont en fait pris dans un dilemme redoutable : ils veulent éviter des combats meurtriers dans les villes, minimiser destructions et pertes humaines pour convaincre qu'ils mènent une guerre de «libéra