Plusieurs dizaines de milliers de soldats turcs restent l'arme au pied le long des 330 kilomètres de frontière. «Les forces armées se tiennent prêtes à mettre en oeuvre les plans préétablis si la situation l'exige», a affirmé samedi un communiqué de l'état-major. Il démentait après plusieurs heures de confusion l'entrée dans le Kurdistan irakien d'un millier d'hommes en renfort des quelques milliers de militaires turcs déjà déployés depuis six ans dans cette zone montagneuse de 42 000 km2 et de 4 millions d'habitants libérée depuis 1991 du contrôle de Bagdad.
La pression demeure malgré les mises en garde «très claires» de l'administration américaine. Les deux partis kurdes irakiens le PDK de Massoud Barzani et l'UPK de Jalal Talabani affirment être prêts à s'opposer militairement à l'entrée des forces d'Ankara d'autant que celles-ci interviendraient «unilatéralement». La Turquie, bien que pilier du flanc sud-est de l'Otan, a en effet limité, à la fureur de Washington, sa coopération militaire à l'ouverture de son espace aérien. Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, leader des islamistes modérés de l'AKP, assure avoir obtenu l'accord américain à une éventuelle «zone tampon» de 10 à 20 kilomètres. Ankara invoque un déploiement militaire «temporaire» pour prévenir un afflux de réfugiés ou pour anéantir les dernières bases du PKK, la rébellion kurde de Turquie qui a mené la guérilla jusqu'en 1998. Une commission d'arbitrage américano-turco-kurde a été mise en place s