Londres de notre correspondant
Tony Blair n'aime pas étaler sa foi. Le 7 février, lorsque Jeremy Paxman, le journaliste vedette de la BBC, lui a demandé en plein débat sur l'Irak s'il lui arrivait de prier avec George W. Bush, il a arboré un sourire gêné : «Non, nous ne prions pas ensemble, Jeremy, non.» Le Premier ministre néotravailliste, jusque-là loquace et détendu, malgré un public plutôt hostile, s'est raidi de tout son corps. «Pourquoi souriez-vous ?», a poursuivi le présentateur de Newsnight. «Parce que... Pourquoi me posez-vous cette question ?». «Parce que j'essaie de savoir quels sont vos sentiments dans ce domaine.» «Peut-être...» Ce soir-là, Jeremy Paxman, souvent comparé à un pitbull à cause de son acharnement, n'a pas cherché à en savoir plus.
«Un acte d'humanité». La religion a sans nul doute contribué à rapprocher Blair de Bush. Les deux hommes ne partagent pas seulement le même dentifrice, comme l'a révélé un jour le président américain. Ils ont aussi en commun d'avoir un exemplaire de la Bible dans leur chambre à coucher et de truffer leurs discours de références morales. Chez Blair, la fidélité aux principes se mêle à un pragmatisme foncier. Ces dernières semaines, à mesure que le débat sur le désarmement de l'Irak s'enlisait, le Premier ministre a recouru de plus en plus à l'argument moral pour justifier un recours à la force. «Débarrasser le monde de Saddam serait un acte d'humanité», avait-il lancé devant les cadres de son parti, le 15 février.
Né dans un