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Libération

Le sentiment illusoire d'une guerre en temps réel

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Très encadrés, 600 journalistes sont «incorporés» dans des unités. Pour les indépendants, il est difficile de travailler.
publié le 24 mars 2003 à 22h18

Koweït envoyé spécial

Sous le feu roulant des questions, le colonel Chris Vernon a délaissé sa baguette en bois et abandonné sa lecture d'une carte de l'Irak projetée sur un écran géant. Le porte-parole de l'armée britannique en perdrait presque son flegme : «Bien sûr qu'on va gagner cette guerre ! La seule question, c'est de savoir quand. Mais pour bien la gagner, c'est évident, il faut commencer par ne pas perdre celle des images.» Voilà pourquoi les forces de l'opération «Liberté en Irak» ont donc embedded, incorporé (1), près de 600 journalistes sur le terrain de leurs opérations. Sur des navires, des bases aériennes, à bord de blindés, aux côtés de marines... «C'est l'antiguerre du Golfe de 1991», reconnaît un militaire américain, «en charge» des médias. «Si la situation a changé d'échelle, ce n'est pas que les militaires ont changé de mode opératoire, c'est qu'ils sont persuadés que la guerre sera gagnée», estime un journaliste japonais. Qu'elle serait «rapide», et, surtout, n'entraînerait qu'un minimum de pertes, civiles ou militaires. Et que dans la bataille d'images à grande échelle livrée avec le régime irakien, «dans ce conflit mené au nom de la démocratie», ajoute un journaliste de la chaîne du Qatar, Al-Jezira, il faut aller vite.

Premières loges.Très vite, même si les officiers de la coalition ne manquent jamais de rappeler que «le temps des médias n'est pas celui de l'armée». «On a le temps, veut croire le colonel Chris Vernon. On n'a pas, comme vous, de bouclag