Les soldats britanniques étaient prévenus : «Méfiez-vous de vos amis...» «C'est un fait historique que les armées en campagne provoquent des tirs fratricides, expliquait, juste avant le début de la guerre, le général Mike Jackson, chef d'état-major britannique, au Daily Telegraph. Pour quelle raison ? Parce que les êtres humains ne sont pas parfaits et commettent des erreurs.» La destruction, dans la nuit de samedi à dimanche, d'un Tornado GR4 de la Royal Air Force et de son équipage de deux hommes par un missile Patriot de l'US Army lui a rapidement donné raison.
Les friendly fires ou blue-on-blue, selon la terminologie anglo-saxonne, sont le lot commun de toute guerre. Ils sont d'autant plus visibles que l'ennemi est faible : si l'Irak avait les capacités d'abattre vingt Tornado, la destruction d'un seul par un tir fratricide passerait presque inaperçue. Selon des estimations d'historiens, les tirs fratricides ont sans doute représenté 20 % des pertes militaires de la Seconde Guerre mondiale. En France, la Légion étrangère déteste traditionnellement les artilleurs, auxquels elle ne pardonne toujours pas ses nombreux morts de la guerre de 1914-1918 provoqués par des tirs mal réglés.
Lors de la précédente guerre du Golfe, 35 des 148 militaires américains tués le furent par des friendly fires. D'autres furent blessés par des munitions à l'uranium appauvri, et militent aujourd'hui pour la reconnaissance du «syndrome de la guerre du Golfe». En avril 2002, lors des combats en Afgh