New York de notre correspondant
Les images d'Al-Jezira n'ont été que brièvement diffusées hier matin sur CBS. Lentement, l'un des deux soldats en T-shirt, visage crispé, décline son identité : «Sergent Miller, du Kansas. On m'a dit de venir. J'ai reçu des ordres. On m'a dit de tirer seulement si on me tirait dessus. Je ne veux tuer personne.» Invité sur le plateau de CBS, Donald Rumsfeld, le secrétaire américain à la Défense, a assuré avec une moue de dégoût que personne n'a le droit «d'humilier des soldats comme cela». «S'il s'agit bien de prisonniers américains, ce que vous montrez là est une violation de la Convention de Genève» (1), a-t-il ajouté.
«Impact émotionnel». Après quatre jours de conflit, l'Amérique a été confrontée hier à ses premiers prisonniers de guerre. Suite aux extraits de CBS, les autres chaînes ont décidé de ne pas montrer le reportage diffusé par la télé irakienne et relayé par Al-Jezira. Mais, hier, les interviews d'experts sur «l'impact émotionnel» de ces images sur l'opinion avaient remplacé les reportages sur les tanks fonçant dans le désert.
Dès le début de la matinée, le Pentagone avait reconnu que «moins de dix de [ses] soldats étaient portés disparus», après une confrontation dans le sud. Puis, un peu plus tard, que Bagdad «avait bien fait un certain nombre de prisonniers» et que plusieurs soldats avaient été tués près de Nassiriah.
Les images d'Al-Jezira montrent quatre corps, présentés comme ceux de soldats américains. Ensuite, cinq militaires s