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Libération

Une chance de revanche arabe

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Les dirigeants irakiens multiplient les interventions télévisées.
publié le 25 mars 2003 à 22h19

L'hélicoptère américain Apache gît au milieu d'un champ entouré d'une bande de paysans irakiens. Ils dansent presque et lèvent leurs pétoires, incrédules. Al-Jezira diffuse pendant une vingtaine de minutes ces images filmées par la télévision irakienne. Au cinquième jour de la guerre, l'oeil ne sait plus au juste quand et dans quelle ville a lieu l'explosion qu'il voit à l'écran.

En revanche, l'image de l'hélicoptère est tangible : Gulliver est à terre, paralysé par les Lilliputiens. Les images des cinq prisonniers américains interrogés par la télévision irakienne ont elles aussi été diffusées dans la longueur, mais une seule fois. Les chars, les avions, les machines de guerre sont maniés par des êtres humains et ces êtres humains, les voici : fragiles, humiliés, terrorisés. Les manifestants arabes parlent tous du soldat américain levant la bannière étoilée sur un bâtiment du port d'Oum Kasr. Ce drapeau a vite été retiré, officiellement pour montrer qu'il ne s'agit pas d'une guerre d'occupation. Mais la séquence a eu l'effet inverse, faisant apparaître le geste comme un acte manqué trahissant les desseins profonds et inavoués des Américains.

L'armée de Saddam Hussein ne s'est toujours pas écroulée, les Irakiens sont loin d'accueillir les assaillants en libérateurs. Une scène primitive se joue : vaincus et humiliés depuis des décennies, les Arabes ont enfin une chance de prendre leur revanche, fût-elle symbolique. Les dirigeants irakiens l'ont compris, qui multiplient les inter