Safouane (sud de l'Irak)
envoyé spécial
Le Croissant-Rouge koweïtien vit son heure de gloire. Menton volontaire, Ahmad en est d'ail leurs tout chose : «Beaucoup de gens, ici, n'ont jamais mis les pieds en Irak, et on va y aller, des camions pleins jusqu'au toit.» 20 000 paquets en tout, farine, huile, pain, lait... Les bénévoles s'arrachent des autocollants qu'ils collent sur les véhicules fatigués. Une responsable tente, elle, de canaliser le flot de journalistes qui déboulent déjà dans ce bâtiment perdu dans la banlieue poussiéreuse de Koweït. «Tout est prêt, les 38 ton nes devraient partir demain, on attend le feu vert.» Il vient plus vite que prévu. Retardée par des «poches de résistance», la «coalition» américano-britannique sait qu'il faut montrer quelques confettis «sécurisés» en Irak. Et que «l'aide humanitaire» doit commencer, coûte que coûte. Car c'est une arme de guerre. Même avec une béquille, elle doit rassurer les opinions publiques, pendant que le gros des troupes s'échine à galoper sur Bagdad.
«Voyage organisé». Barjes el-Barjes, le directeur du Croissant-Rouge, a tout juste le temps d'ajouter : «On y va, on ne sait pas comment on sera accueillis...» Le convoi s'ébranle. Il mettra 3 h 30 pour rallier Safouane. Entre-temps, il est rattrapé par trois minibus remplis de médias, en surchauffe. Bourrés de correspondants qui rêvent de planter, enfin, leur drapeau en terre irakienne. Mais qui sont plus que jamais chassés comme des mouches à chaque fois qu'ils tentent d