La guerre d'Irak vient à peine de commencer et nul ne sait quand elle prendra fin. Mais, par-delà les images de victimes civiles et militaires qui sont l'ordinaire des guerres, il ne faut pas oublier que celles-ci tuent davantage par la famine, la maladie, l'épuisement et le désespoir que par les bombes et les balles qui les précèdent. La situation militaire ne doit pas occulter l'état d'urgence humanitaire dans lequel sont en train de sombrer les 23 millions d'Irakiens...
Les pays qui ont refusé que l'ONU entérine la guerre voulue par Bush et Blair, doivent-ils également s'opposer à ce que la communauté internationale se mobilise pour porter assistance à peuple en danger, laissant Washington et Londres assumer seuls la responsabilité du secours aux populations qu'ils se sont arrogé pour mission de «libérer» par les armes ? Doivent-ils, au contraire, accepter le fait accompli de l'invasion et voter au plus vite aux Nations unies une résolution qui ouvrirait la voie à la plus grande opération humanitaire de l'histoire récente ?
La tentation du refus existe à Moscou. Chirac a affirmé que la France s'opposerait à toute résolution qui légitimerait la guerre, mais il a aussi insisté pour que l'ONU joue un rôle central dans l'après-guerre. Bush semble prêt, une fois de plus, à agir seul, en contrôlant l'aide avant d'imposer à Bagdad une administration militaire et civile anglo-américaine et de gérer seul la reconstruction (pour le plus grand profit de ses sponsors électoraux...).
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