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Libération

L'Egypte noyaute les manifestations

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Après les heurts du 21 mars, l'Etat a placé ses partisans en tête de cortège.
publié le 29 mars 2003 à 22h25

Le Caire de notre correspondante

«A bas la politique américaine !» A la sortie de la grande prière, à la mosquée Al-Azhar, la foule s'entasse sous les banderoles. Des slogans éculés sont repris docilement. La police, si omniprésente au Caire depuis le début de la guerre, est quasi invisible. Rien à voir avec la semaine dernière, où la colère antiaméricaine à la sortie de la mosquée millénaire a dégénéré en violents affrontements antigouvernementaux dans le centre du Caire, faisant plus d'une centaine de blessés. Cette fois, tout est sous contrôle : «Nous sommes du Parti national démocrate (PND, au pouvoir en Egypte, ndlr), se rengorge un manifestant. Nous sommes là pour montrer que nous sommes libres de manifester notre colère contre la guerre en Irak.»

Frères musulmans. Exit l'opposition de gauche au premier rang des précédentes manifestations. L'Etat a retenu l'avertissement et placé cette fois ses partisans sur le devant de la scène. La polémique autour de la répression des manifestations du 21 mars n'a cessé de gonfler, au sein de l'intelligentsia comme de l'opinion publique. Près de 800 personnes auraient été arrêtées dans la semaine. Parmi elles, deux députés du Parti nassérien, dont un est toujours hospitalisé après avoir été passé à tabac par la police.

Etonnamment, au milieu des partisans du PND défilent en petits groupes quelques Frères musulmans. Les principaux rivaux de l'Etat sont très prudents depuis le début de la crise, soucieux de soigner leur image et d'éviter