Washington
de notre correspondant
Dans Candide, au beau milieu de la «boucherie héroïque» qui oppose les armées bulgares et abares, les deux rois décident de faire chanter des Te Deum chacun dans son camp. C'est le moment que choisit le jeune philosophe pour déserter et «aller raisonner ailleurs des effets et des causes». La situation n'a guère changé aujourd'hui.
Influence de la droite. A Bagdad, Saddam Hussein lit à la télévision des versets du Coran et appelle les Irakiens à combattre «comme Dieu le leur a ordonné». A Washington, symétriquement, le Congrès a fait voter une résolution demandant au président George W. Bush de décréter un jour «de jeûne et de prière pour que la providence divine protège l'Amérique et les troupes en Irak, ainsi que la population contre les terroristes».
Si les Américains ont nettement séparé l'Etat des Eglises, ils n'ont jamais séparé la religion de la politique. Les références à Dieu imprègnent tous les discours, surtout en temps de guerre. Mais l'initiative du Congrès (qui témoigne de l'influence sur celui-ci de la droite chrétienne) va bien au-delà de la pratique habituelle.
Maladresse. Les promoteurs de la résolution invoquent la «tradition». Pourtant, il faut remonter jusqu'à 1863 pour trouver trace d'une résolution similaire. Cette année-là, en pleine guerre de Sécession, le président Abraham Lincoln avait décidé, à la demande du Sénat, d'instaurer un jour de prière... Dans le cadre d'une guerre menée contre un pays musulman, l'initiative du