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Libération

«Libérez Bassora et là, on racontera peut-être ce que c'était»

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A la sortie de la ville assiégée par les Britanniques courent les plus folles rumeurs sur ce qui se passe à l'intérieur.
publié le 31 mars 2003 à 22h26

Faubourgs de Bassora envoyé spécial

Ils quittent la ville sous le bruit du canon. La déflagration des obus ébranle les faubourgs. Le fracas des chars soulève des nuages de poussière. Un homme retient des couvertures sous un bras, un nouveau-né sous l'autre, le regard affolé. Une femme trébuche, reprend son souffle, la main sur son coeur. Des jeunes marchent au trot, un vieillard à califourchon sur leurs épaules. Ils viennent de franchir le pont surplombant le large canal, voie de sortie de Bassora. Il sépare «l'Irak libéré de l'Irak emprisonné», résume un soldat anglais. Au milieu du pont, la vue est saisissante. Bassora et son 1,2 million d'habitants s'étalent à perte de vue. Sept puits de pétrole mis à feu vomissent une colonne de fumée qui s'élève dans un voile opaque. Une tranchée dans laquelle on a mis pétrole et huile dégage un nuage dense et âcre dans la ville. Sur la gauche, des bâtiments pilonnés d'une université et les premières habitations.

Bus, voitures, tracteurs, piétons... ils sont des centaines à attendre d'être fouillés par les marines britanniques avant de pouvoir sortir de la deuxième ville du pays. Ils marchent vers Oum Kasr ou Al-Zoubei, les deux seules villes partiellement sécurisées par la coalition et où ils ont des proches. Certains ne reviendront pas. «Trop étouffant, trop dangereux», souffle un étudiant. D'autres sortent «pour se reposer enfin». Voir ce qui se passe. Voir «si ce que racontent les autorités, qui parlent de l'"occupation meurtrière" en