Plus la guerre dure, s'intensifie et touche les zones densément peuplées, plus elle fait de victimes civiles. La sinistre litanie des «victimes collatérales» s'est allongée hier. Il faut bien sûr être prudent sur la responsabilité des horreurs qui frappent les civils. Mais les bombes, pour être «intelligentes», se trompent parfois de cible. Et les soldats cèdent à la panique dans un environnement hostile où ils distinguent mal les combattants des non-combattants. C'est la nature même des guérillas que de fondre ces deux catégories, pour amener leur adversaire à voir en tout civil une menace à neutraliser. La guérilla irakienne pousse son adversaire anglo-américain supérieurement armé à la défaite politique en l'amenant à traiter en ennemi la population que Bush prétendait protéger ou libérer.
Les GI ont ordre de détruire un ennemi déterminé à se battre avec toutes les armes à sa disposition, y compris celle des «boucliers humains». Ils doivent aussi gagner «le coeur et l'esprit» de populations qu'ils sont censés libérer. Leur objectif militaire (gagner la guerre) est en conflit avec leur objectif politique (instaurer la liberté). L'expérience du Vietnam montre que la résolution de ce dilemme tient souvent de la mission impossible. La tentation va devenir de plus en plus forte à Washington de faire passer l'impératif de la victoire à tout prix avant celui de la «libération de l'Irak».
Or dans la première guerre de l'Histoire livrée en direct dans les médias, les dégâts collatér