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Libération
Reportage

«Ici, on n'est pas des mauviettes»

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Dans les villes autour de la base militaire de Fort Bragg, le patriotisme proguerre s'exhibe à tous les coins de rue.
publié le 3 avril 2003 à 22h33

Fort Bragg (Caroline-du-Nord) envoyé spécial

La guerre a franchi les portes de l'église. Sur l'autel de la Berean Baptist Church, le pasteur Steven Byrd a appelé ceux qui allaient bientôt être déployés en Irak à rejoindre le pupitre. Au milieu de la foule rassemblée, deux familles s'avancent doucement, suivies d'un jeune couple. Le pasteur les entoure, les serre dans ses bras. «Nous vous demandons, Dieu, de les protéger (...). Nous devons rester positifs. Nous devons nous rappeler que le Seigneur contrôle ce qui passe, qu'il ne fait aucune erreur.» Ce jour-là, le pasteur ne parlera pas directement de Saddam Hussein. «Je ne le fais pas à tous mes services, assure-t-il, mais j'ai déjà expliqué à mes fidèles pourquoi cette guerre est justifiée. Bien sûr que Dieu soutient l'offensive lancée par le président Bush. Saddam Hussein est comme l'incarnation du diable, il faut s'en débarrasser.»

4 500 GI dans le Golfe. Dans l'Amérique de Fort Bragg, il n'y a pas de place pour le doute. Située en plein centre de la Caroline-du-Nord, cette base militaire est l'une des plus anciennes des Etats-Unis. Depuis plus d'un an, elle a envoyé des centaines de ses soldats en Afghanistan. Aujourd'hui, une brigade de 4 500 GI de la 82e division aéroportée combat en Irak et dans la région du Golfe. Et, tout autour de la base, dans les villes comme Fayetteville et Spring Lake, le patriotisme est à fleur de peau. Présent au détour de chaque conversation. Visible à tous les coins de rue, dans un Sud conser