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Libération

«Salauds, ceux qui ont profané».

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publié le 3 avril 2003 à 22h33

Etaples (Pas-de-Calais), envoyée spéciale;

Le graffiti rouge s'étalait sur toute la largeur des marches du mémorial, à l'entrée du cimetière britannique d'Etaples (Pas-de-Calais), au pied de deux drapeaux gigantesques, sculptés dans la pierre : «Déterrez vos déchets, ils souillent notre sol. Rosbeefs go home. Saddam vaincra et fera couler votre sang. Mort aux yankees. Bush, Blair au TPI.» Accompagné d'une croix gammée dessinée à l'envers. Les inscriptions ont été effacées le jour de leur découverte, jeudi dernier. Selon la Voix du Nord, c'est un touriste britannique qui a donné l'alerte.

Près de 11 000 soldats du Commonwealth, essentiellement britanniques, sont enterrés au nord de la ville, à la place d'un ancien camp militaire, dans un alignement de stèles blanches sur un gazon si impeccable qu'on ose à peine le fouler. Les jeunes hommes, tombés en 1914-1918, reposent aux côtés de quelque 600 Allemands, sur la colline qui surplombe la baie de Canche. Le lieu, isolé, est situé au bord d'une départementale. Les injures ont été écrites dans la nuit du mercredi 26 au jeudi 27 mars. Aucune tombe n'a été endommagée.

«Faut pas charrier.» Hier après-midi, Jean-Luc, maçon au chômage, venu se «rendre compte sur place», a cherché en vain le graffiti ou des tombes saccagées. Il a signé le registre du cimetière. Sous la longue litanie des «Rest in peace» («Reposez en paix») et des «Plus jamais la guerre», laissés par les précédents visiteurs, il a ajouté : «Salauds, ceux qui ont profané.»