Beyrouth
de notre correspondante
Malgré la position contre la guerre en Irak du gouvernement libanais, le conflit divise la société libanaise depuis son début. Dans les manifestations pro-irakiennes de Beyrouth, qui réunissent des nostalgiques du nassérisme et des nationalistes arabes, on n'hésite pas à brandir des portraits de Saddam Hussein. Mais ils se marient mal avec le drapeau jaune du Hezbollah chiite, qui refuse d'appuyer le dictateur irakien.
Mosaïque communautaire. «Le Liban est un peu une caisse de résonance du conflit en Irak», explique Joseph Bahout chercheur et politologue. «Ce sont deux pays où il y a une mosaïque communautaire, et où les différentes sensibilités sont difficiles à masquer derrière un discours bêtement unificateur.» Le Hezbollah organise donc des marches séparées de soutien au peuple irakien, où l'on voit beaucoup de portraits des présidents libanais et syrien. L'opposition laïque et les antisyriens préfèrent défiler seuls sous le slogan «Non à la guerre. Non à la dictature». «Le chiisme libanais est en train de réagir selon des intérêts libano-syriens, commente Bahout. La logique des Etats prend le pas sur la logique du nationalisme arabe d'un côté et sur la logique du transcommunautarisme de l'autre.»
Dans les grandes villes sunnites du nord et du sud du pays, les mouvements sont les plus massifs, notamment à Tripoli où selon Bahout «une autre sensibilité, presque islamiste, et qui a moins d'états d'âme à appuyer l'Irak dans sa version actuelle,