La foule est en liesse. Elle acclame Saddam avec des slogans à sa gloire, l'embrasse. Des fusils se lèvent, des mains se tendent. Le raïs, uniforme militaire, détendu, soulève une fillette, déambule «dans le quartier résidentiel d'Al-Mansour à Bagdad». A en croire la télé irakienne, le Président a pris ce bain de foule vendredi et s'est rendu dans des bâtiments bombardés par les Américains. Les détails foisonnent : il est descendu d'une voiture banalisée bleu foncé à la «stupéfaction des gens, qui l'ont applaudi». Les Bagdadiens ne sont pas seuls à être stupéfaits. Ces images du président irakien, en public et de jour, sont les premières diffusées depuis le début de la guerre. S'agit-il d'archives, d'un subtil montage ou de scènes tournées avec un sosie du raïs, hypothèse plausible quand on sait que deux médecins occidentaux sont persuadés que le Saddam qui, il y a quelques années, leur a demandé de soigner son fils Oudaï, blessé dans un attentat, n'était pas celui qui les a remerciés quelques semaines plus tard... Difficile en tout cas de croire que le chef de l'Etat le plus paranoïaque de la planète ait pu déambuler à portée de canon de l'armée américaine, alors que les ambassadeurs en poste à Bagdad ne le rencontrent jamais, alors qu'il fait fouiller ses ministres et ses généraux avant de les rencontrer et alors que, depuis une douzaine d'années, il n'apparaît qu'à la télévision, hormis de rares exceptions. La dernière fois qu'il a été vu en public remonte au 31 décembre