Oum Kasr envoyé spécial
Ils ont parcouru cent, deux cents, trois cents kilomètres. Ils agitent une lettre écrite à la main en anglais ou patientent dans un déluge de paroles en arabe. Leur visage en dit long sur l'inquiétude ; leurs larmes, sur la détresse. Ils espèrent des nouvelles, d'un frère, d'un fils, d'un ami. Ils se pressent aux abords du camp où sont officiellement détenus les prisonniers irakiens. Environ 5 000 à 6 000 hommes (sur les 9 000 pri sonniers officiellement recensés en Irak) y ont été rassemblés à ce jour, des militaires, des policiers, des miliciens, des civils capturés ou qui se sont rendus.
Désarroi. Là, derrière ces murs en tôle vert olive défendus par un poste bunkérisé, on aperçoit d'immenses tentes. Environ 250 POW (prisoners of war) vivent dans chacune d'elles, en attendant que soit éclairci leur statut codifié dans les conventions de Genève sur les prisonniers de guerre. Depuis l'ouverture de ce camp, il y a dix jours, le même scénario se reproduit quotidiennement. Proches de disparus ou de détenus s'y pressent. Dans tous les récits, des vies, des parcours, des trajectoires interrompues, des points de suspension ou d'interrogation. Des histoires de guerre.
Un homme, très digne, demande qu'on transmette une lettre «à un officier». Son frère, âgé de 18 ans, a disparu depuis dix jours. Sur un papier, il est écrit : «Dear Sir, bonjour. Je vous demande des nouvelles de mon frère, Tabar Wahieb Acher, soldat dans une division d'infanterie de Nasiriya. L