L'après-guerre prolongera la guerre qui a continué elle-même l'avant-guerre. A mesure de la progression des armées de la coalition, nous nous rapprochons donc de notre point de départ. Aussi ne peut-on s'étonner que les dirigeants des deux camps diplomatiques qui s'étaient affrontés à l'ONU tiennent déjà conseil en tête à tête chacun de son côté sur la suite à donner à l'exercice de la force armée. Les rencontres à distance de Bush-Blair et de Poutine-Schröder-Chirac préparent-elles un accord général ? Rien de moins sûr. Malgré de bonnes paroles des deux côtés, une conciliation risque de se révéler aussi impraticable qu'elle l'a été.
A première vue, il existe une parfaite concordance entre le «rôle vital» dévolu à l'ONU dans la reconstruction de l'Irak, selon les termes du communiqué anglo-américain, et le «rôle central» que, pour Chirac, l'organisation internationale devrait y jouer. Mais une oreille aguerrie par les joutes oratoires de l'hiver dernier remarquera qu'une chose peut être «vitale» sans pour autant être «centrale». On glisse facilement dans cette nuance tout le débat d'avant-guerre entre unilatéralisme et multilatéralisme.
Le pouvoir américain ne peut que se sentir conforté dans sa vision du monde par la facilité de ses succès militaires et la supériorité écrasante dont ils témoignent. En outre, l'embryon d'une autorité de reconstruction selon les schémas de l'équipe Bush est déjà à pied d'oeuvre. Mais, en même temps, une bonne part de son argumentaire d'avant-ca