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Libération

Le deuil d'une chaîne

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Le journaliste Tarek Ayoub mort en «martyr».
publié le 9 avril 2003 à 22h42

«Nous ne prenons pas parti dans cette guerre, nous sommes simplement journalistes. Et notre camarade tué, Tarek Ayoub...» Un bref sanglot interrompt Tayssir Allouni. Voûté, apparemment à bout de forces, le journaliste vedette d'Al-Jezira se reprend et raconte comment son collègue de 35 ans, de nationalité jordanienne, père d'une petite fille, est mort sous une bombe américaine larguée par un avion sur le bureau de la chaîne qatarie à Bagdad.

Des images montrent les dernières apparitions d'Ayoub à l'antenne, mal rasé, casque sur la tête, puis le transport de son corps dans une couverture portée par ses collègues. «Que se soit par accident ou suite à un acte délibéré, le martyr Tarek Ayoub a rejoint les autres martyrs de la liberté d'informer», dit le présentateur.

Un porte-parole américain d'origine libanaise apparaît pour présenter dans un arabe châtié ses condoléances à la chaîne : «Il est impossible que le tir ait été délibéré, souligne- t-il. Je vous en prie, ne tirez pas de conclusion hâtive, faites preuve de retenue.» Le présentateur réplique sèchement qu'au vu des trois objectifs journalistiques touchés (Al-Jezira, Abou Dhabi TV et l'hôtel Palestine), ce serait plutôt aux Américains d'en faire preuve.

Stationnés sur un pont de Bagdad, deux chars américains pilonnent le centre-ville, les bombes qui tombent du ciel sont d'une puissance sans précédent, un terrible feu d'artifice éclaire en contre-jour une palmeraie. Après les images de soldats américains prenant le soleil da