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Libération

Images de liberté et messages de méfiance

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Les télévisions arabes s'interrogent sur l'après-Saddam Hussein.
publié le 10 avril 2003 à 22h44

La corde au cou, Saddam bascule et reste accroché à son socle la tête vers le bas. L'écroulement de la statue du commandeur et les chars américains qui se garent devant l'hôtel Palestine où logent nombre de journalistes étrangers rendent soudain très tangible la chute de Bagdad. La chaîne Al-Jezira montre les scènes de liesse populaire accueillant les soldats américains, sans insister. L'équipe de la chaîne semble avoir le coeur en berne.

Juste avant l'arrivée des marines, on a vu sur la même pelouse la levée du corps de Tarek Ayoub, leur camarade tué par une bombe américaine. Ses collègues ont porté son cercueil dans un bourdonnement de «La Ilah illa Allah» («Il n'est d'autre dieu que Dieu», ndlr), alors que le commentaire indiquait que le bureau de la chaîne à Bagdad avait été visé intentionnellement par l'armée américaine.

Debout sur le bord d'une avenue, un homme en djellaba grise frappe de sa chaussure un grand portrait de Saddam qu'il tient à la main. Il crie «criminel !» et frappe un coup, «assassin !», et en donne un autre. Un civil qui passe décoche un coup de pied au portrait, un autre enlève sa pantoufle et l'abat sur le visage du chef déchu, un troisième, apprenti-pilleur, pose un instant son misérable butin pour participer à la scène. La peur suscitée par le régime est en train de disparaître.

Chambres de torture. A Bassora, au sud du pays, dans l'une des chambres de torture du régime, des anciennes victimes montrent au correspondant d'Al-Jezira comment ça se passa