Le premier, l'Egyptien Hosni Moubarak a réagi, plusieurs heures toutefois après la libération de Bagdad. Jordaniens, Saoudiens et Koweïtiens ont suivi, tous d'accord pour en dire le moins possible, à savoir que «le peuple irakien doit gouverner au plus vite» et «choisir ses dirigeants». Base arrière des troupes américano-britanniques, le Koweït a, quant à lui, pris soin d'ajouter que «l'ONU doit s'occuper de l'administration de l'Irak tant qu'un gouvernement irakien ne sera pas mis en place».
Fol espoir. A coup sûr, l'affichage d'un tel souci démocratique, par ailleurs inexistant dans la région, va être le credo de l'ensemble des régimes arabes. Persuadés que les Américains entendent la «dominer», tous sont tétanisés par la peur «qu'ils ne s'arrêtent pas à l'Irak». Pour un ancien ministre arabe, «ce n'est pas un hasard que cette "exigence démocratique" soit d'abord exprimée par les pays considérés comme les plus proches des Américains». «Ils doivent, plus encore que les autres, se dédouaner auprès de leur opinion de s'être croisé les bras face aux préparatifs guerriers des Américains, au déclenchement de leur offensive et aux images atroces des victimes irakiennes».
Le monde arabe, rue et régimes pour une fois confondus, avait assisté impuissant comme jamais à cette guerre qui le concernait directement mais sur laquelle il n'avait aucune prise. Mais la résignation désespérée des opinions face à un conflit dont le vainqueur semblait désigné d'avance s'est vite transformée en fo