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Libération
Reportage

Coup de force des Kurdes sur Kirkouk

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Mises devant le fait accompli, les forces américaines ne sont arrivées qu'après coup.
publié le 11 avril 2003 à 22h46

Kirkouk envoyé spécial

Visage baigné de larmes, les yeux emplis de joie, Ahmed Lahaw entre à Kirkouk en libérateur. «Trente ans que j'attends ce jour.» Une vie de combats. «Voilà pourquoi je pleure. Voilà pourquoi je suis heureux.» Instant fugace de bonheur intense. Le soldat raffermit sa prise sur l'affût du fusil et reprend son avance, lentement, nerfs tendus, l'oreille aux aguets. La colonne progresse d'un pas ferme, sans rencontrer d'opposition.

De la garnison irakienne ne subsistent que des canons abandonnés, des douilles éparpillées au sol, des casemates vides ou des casernes désertées que les peshmergas investissent avec gourmandise. Quelques escarmouches, déclenchées à l'aube sur les faubourgs, ont eu raison de toutes les défenses. Les miliciens kurdes s'emparent du centre-ville sous les vivats d'une population enthousiaste. Si les boutiquiers ont tiré les rideaux de fer sur leurs étals, les habitants se pressent dans les rues et les familles encombrent les balcons. Partout surgissent des étoffes aux couleurs des deux principales formations indépendantistes, jaunes pour le Parti démocratique du Kurdistan (PDK), vertes pour l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) qui se taille la part du lion dans les faveurs populaires. La foule agite des écharpes, des châles, des mouchoirs en une marée ondulante qui salue les combattants à chacun de leurs passages.

Après la souffrance, la jubilation

Entorse presque incroyable au puritanisme usuel, de vieilles femmes au voile noir se jett