A l'entrée du Centre culturel français de Bagdad, sur les berges du Tigre, un panonceau annonce : «Les activités du centre sont suspendues jusqu'à nouvel ordre.» La vitre qui protège l'inscription a volé en éclats. A l'intérieur, il ne reste rien d'autre que des livres et des feuilles de papier jonchant le sol. «On en veut à la France, à la Chine, aux Russes, dit Qassem. Pourquoi ils ne nous ont pas aidés à nous débarrasser de Saddam Hussein ? Comment il va, Jacques Chirac, maintenant que son ami Saddam n'est plus là ?»
Pillage politique visant les deux pays occidentaux les plus hostiles à la guerre, ou vandalisme aveugle ? Le Centre culturel français et l'ambassade d'Allemagne ont été mis à sac le même jour. Il semble que seul l'appât du butin a motivé les pilleurs, dont nombre ne savaient même pas dans quels locaux ils se trouvaient. Si ces deux enceintes ont été pillées, c'est qu'elles n'avaient pas de gardes armés. Au centre culturel comme à l'ambassade d'Allemagne, le résultat est le même. Du sol au plafond, tout est parti : les chaises, les tables de classes, les tableaux, les toilettes, les ordinateurs, les robinets, la climatisation, les appliques et même les prises électriques. Seuls les sièges de la salle de cinéma, rivés au sol, ont résisté. Le coffre-fort a été éventré au chalumeau. Celui de l'ambassade d'Allemagne, plus robuste, a été abandonné dans le jardin. Hier après-midi, des Bagdadiens de toutes conditions, chiites de Saddam City, chrétiens de Kerada, sunni