Plusieurs dizaines de milliers de soldats turcs, avec chars et matériel lourd, sont l'arme au pied le long des 330 kilomètres de frontière, prêts à déferler sur la zone kurde de l'Irak du Nord. La mise en garde est explicite, même si le Premier ministre islamiste modéré Recep Tayyip Erdogan affirmait, il y a encore quelques jours, qu'il est «hors de question d'intervenir tant qu'il n'y aura pas de problème touchant à l'intégrité territoriale de l'Irak ou de mouvement visant à s'emparer du pétrole de Mossoul et de Kirkouk». Mais l'irruption dans cette dernière ville des peshmergas les combattants kurdes change la donne et rend encore plus complexe et explosive la situation au Kurdistan irakien (42 000 km2 et près de 4 millions d'habitants), région contrôlée depuis 1991 par le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de Massoud Barzani et l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) de Jalal Talabani. Ces derniers menacent de s'opposer par la force à toute entrée en force de l'armée turque.
Cauchemar. Les risques d'une «guerre dans la guerre» préoccupent l'administration américaine. «Nous ne permettrons aucun fait accompli», a menacé hier le ministre des Affaires étrangères turc, Abdullah Gul, tout en déclarant avoir reçu du secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, des assurances que des renforts de l'US Army arriveraient à Kirkouk pour y remplacer les combattants kurdes. «Il n'y a pas lieu de s'inquiéter en raison de ces garanties», a-t-il insisté. Le porte-parole de la Maison Bl