A chaque jour sa statue. Aujourd'hui, c'est à Kirkouk qu'un Saddam Hussein géant en bronze, revêtu du manteau et de la coiffe bédouine, a été mis à bas, non sans avoir reçu au préalable quelques coups humiliants de pantoufle d'un manifestant juché sur son épaule. Les images de femmes kurdes faisant rouler interminablement leurs youyous parlent d'elles-mêmes. La joie est sans partage, les Kurdes célèbrent comme il se doit la chute d'un tyran haï qui a osé les gazer pour les réduire au silence.
Depuis Kirkouk, le correspondant d'Al-Jezira se montre rassurant sur une éventuelle tension entre les communautés : «J'ai parlé aux gens, Kurdes, Arabes, Turkmènes. Tous affirment qu'ils sont frères irakiens et prêts à pardonner les fautes du passé.» La libération kurde participera-t-elle d'une éventuelle démocratisation de l'Irak ? Al-Jezira se montre plus que sceptique. Depuis la mort de son correspondant tué par une bombe américaine, elle offre à son public une représentation qui lui est familière : l'ennemi américain est fondamentalement hostile aux Arabes. Elle fait aussi valoir que l'objectif proclamé des Etats-Unis est de modifier la configuration politique de l'ensemble du Moyen-Orient, en commençant par la Syrie et l'Iran.
Pourtant, on entend toujours des voix discordantes à l'antenne : «L'Amérique latine et l'Europe de l'Est ont conquis leur démocratie, déclare un analyste extérieur à la chaîne, alors que nous, Arabes, sommes restés hors de l'histoire. La seule solution est de d