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Libération
Éditorial

Ne jamais abuser de la victoire

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publié le 11 avril 2003 à 22h46

Dès que les statues du despote se sont effondrées, libérant les Irakiens, la question du pouvoir a été posée. Elle est béante, elle est devenue néanmoins la question principale et les Etats-Unis, qui disputent à ce sujet, ne paraissent pas très bien équipés pour y répondre.

Les guerres ne ressemblent jamais aux plans des stratèges. L'Irak devait «s'effondrer comme un château de cartes» dans les tout premiers jours, comme l'avait promis le vice-président Dick Cheney. Il aura fallu attendre trois semaines pour que cette prédiction, finalement, se réalise, à l'endroit même où la dictature paraissait le plus apte à résister à l'offensive anglo-américaine, c'est-à-dire dans la capitale. Les blindés américains triomphent dans les avenues de Badgad d'où tous les dirigeants du régime ont soudainement disparu.

Ce mystère ne doit pas masquer ce qui est en train de se produire : la disparition d'une tyrannie. La chute d'une dictature libère toujours ses victimes, sans que cela préjuge de la suite. Car il y a des libérations qui ont été aussi le prélude à de nouvelles dictatures. Il faut souhaiter aux Irakiens qu'ils échappent à ce mauvais rêve. Les pillages, l'insécurité, les pénuries et les épidémies tempèrent déjà leurs joies : le spectre d'un autre cauchemar menace l'Irak.

Les Etats-Unis ont d'ores et déjà atteint le principal de leurs objectifs : recrédibiliser leur puissance militaire, leur capacité de dissuasion, la représentation qu'ils se font de leur hégémonie, mutilée le 11 sept