Menu
Libération
Reportage

Mossoul libéré mais pas conquis

Article réservé aux abonnés
Au centre-ville, Américains et peshmergas absents.
publié le 12 avril 2003 à 22h48

Mossoul envoyé spécial

De lourds panaches de fumée noire montent derrière les remparts historiques de la vieille cité. Mossoul semble livré aux flammes avec le pillage pour prix de la défaite. Une marée d'écumeurs a envahi les avenues. Une foule animée par un incroyable appétit de saccage, accourue des quartiers populaires, des villages alentour, qui se jette comme une nuée vorace sur tout signe apparent d'opulence. Les portraits géants de Saddam Hussein ou les statues en bronze du raïs laissent parfaitement indifférente une masse unie par sa seule frénésie de butin.

Aucune liesse dans cette explosion de fureur. Ni chants ni cris de joie, mais des querelles, des chamailleries autour des prises de meilleure valeur. Ce qui ne peut être emporté est détruit sur-le-champ, les entrepôts sont incendiés aussitôt après avoir été vidés. Les bâtiments publics sont dévalisés de leur mobilier, leurs chambranles de portes, leurs encadrements de fenêtres. L'université n'est pas épargnée, pas plus que les hôpitaux, dépouillés de leurs lits. Première cible des voleurs, la banque centrale ne résiste que brièvement à l'effraction. Ses coffres forcés à la dynamite, des nuages de billets virevoltent sur la chaussée que des larrons ramassent à pleines brassées. Pas un combattant kurde, pas un soldat américain visible dans le centre et qui pourrait tenter de ramener un semblant d'ordre. Le chaos redouble dans une totale vacance de pouvoir.

Ultime baroud. Mossoul est bien tombé. Ses derniers défenseur