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Libération
Éditorial

Protéger les Irakiens

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publié le 12 avril 2003 à 22h48

Sitôt les bombardements finis et la tyrannie tombée, Bagdad, comme le reste du pays, s'est trouvé livré aux pillards et aux incendiaires. Le spectre de la guerre de tous contre tous plane, car le pouvoir n'y est même plus à ramasser mais à inventer. Avant même de penser à l'approvisionnement ou aux nécessités sanitaires, il faut suspendre ce dérapage violent et assurer le minimum de sûreté sans lequel aucune société ne peut vivre et encore moins une ville de 5 millions d'habitants. L'armée américaine, que cela lui plaise ou pas, est responsable de cette assistance à pays en danger. Elle l'est moralement ­ elle seule y peut quelque chose ­ et même juridiquement, au titre de ses responsabilités de puissance occupante. Les stratèges américains, qui ont retenu l'hypothèse d'un effondrement rapide des défenses irakiennes, pouvaient prévoir ses conséquences civiles.

Rétrospectivement, à travers la sauvagerie des émeutiers, on peut mesurer la brutalité du régime baassiste, qui ne reposait que sur la terreur que faisaient régner ses séides, pratiquement sans aucune médiation sociale. Les soldats ne sont pas seuls à avoir déserté, les fonctionnaires jusqu'aux plus humbles les ont imités. La pression exercée par la dictature ne pouvait que provoquer de lourds dégâts à la première tentative de desserrer l'étreinte. Il faut agir avant que des seigneurs de la guerre, mi-voyous, mi-partisans, se taillent des fiefs et réinventent Beyrouth à la puissance 10.

A côté de cela, les entretiens de