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Interview

«Le sol irakien est gorgé de sang et de culture»

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Trois spécialistes de la région décryptent pour «Libération» 4 500 ans d'histoire, de traditions et de richesses de la Mésopotamie.
publié le 14 avril 2003 à 22h48

Les Américains ont combattu en Irak sur la terre d'une des plus anciennes civilisations, aussi bien que dans des villes saintes de l'islam ou dans des hauts lieux de révoltes anticoloniales. Ils ne le savaient pas toujours ; Saddam Hussein, lui, le savait, et en a fait une mythologie pour asseoir son pouvoir. Aujourd'hui, certains de ces lieux de la mémoire «irakienne» ­ le Musée archéologique, le Musée d'histoire de Bagdad... ­ sont livrés au pillage. Pour décrypter cette histoire, ses richesses et ses usages, trois spécialistes répondent à «Libération» : Gérard Chaliand, expert en géopolitique du Moyen-Orient («les Kurdes et le Kurdistan», La Découverte), Pierre-Jean Luizard, spécialiste de l'Irak contemporain («la Question irakienne», Fayard), Jean-Jacques Glassner, historien des civilisations sumériennes et assyriennes («la Mésopotamie», aux éditions des Belles Lettres).

La guerre semble terminée. Comment voyez-vous la période qui commence ?

Jean-Jacques Glassner. Le problème est désormais celui de l'après-guerre. Que veut exactement l'Amérique ? Il n'y a aucune perspective quant à l'organisation du Proche-Orient et de l'Irak. Une administration directe américaine ? Nous ne sommes plus en 1945. Un contrôle du pays via l'opposition ? Cela fait trente ans que Saddam a anéanti toute vie politique, gouvernant avec un pistolet, n'épargnant personne. C'est un pays qui n'a plus de classe politique, et ceux qui étaient à l'étranger sont trop peu organisés et trop divisés pour prop