C'est une guerre des ayatollahs sur fond de rivalités doctrinales et dynastiques. Son enjeu est le pouvoir au sein d'une communauté chiite majoritaire dans le pays (entre 55 % et 60 % de la population) mais depuis toujours, marginalisée socialement et politiquement avant d'être férocement réprimée par le régime de Saddam Hussein. Des chiites en armes entouraient hier, dans la «ville sainte» de Najaf, la demeure du grand ayatollah Ali Sistani, principale autorité chiite du pays. «Ils lui ont dit de quitter l'Irak dans les quarante-huit heures», a expliqué, à Reuters, l'ayatollah Aboulkasim Dibadji, installé au Koweït. Le guide spirituel du Hezbollah libanais, Mohammad Hussein Fadlallah, très respecté parmi les chiites irakiens, a appelé hier les musulmans d'Irak à aider «par tous les moyens» l'ayatollah Ali Sistani. Seyyed Fadlallah a souligné que cet appel avait valeur de fatwa (devoir religieux).
Trois jours plus tôt, Abdoul Madjoud al-Khoï, dignitaire chiite modéré et pro-occidental, à peine revenu d'une décennie d'exil à Londres, était massacré dans la même ville, dans l'enceinte du mausolée d'Ali, le lieu le plus saint du chiisme. Il était le fils du grand ayatollah Abdoul Qassem Moussaoui al-Khoï, mort en 1992 en résidence surveillée. Dans les deux cas, les assaillants seraient des membres du Djimaat-e-Sadr Thani, un groupe dirigé par Moktada al-Sadr, rejeton d'une prestigieuse famille de dignitaires religieux décimée par le régime. Le grand ayatollah Mohammed Sadek al-S