Bagdad envoyé spécial
Il en faudrait encore beaucoup pour appeler cela un retour à la normale, mais, peu à peu, un semblant de vie revient à Bagdad. Dans certains quartiers, la population n'a pas attendu le retour d'un embryon de gouvernement. A Alwy, quartier populaire au nord du centre, un groupe d'habitants a ramassé hier les cadavres afin de les enterrer dans une fosse commune. «Certains corps traînaient dans la rue depuis deux semaines, explique Hazem Daoud, un jeune qui participait au «ramassage». Nous nous sommes organisés sans l'aide de personne. Mais cette situation est insupportable. Je préfère dix ans de dictature à un jour sans gouvernement.»
A l'académie de police, située en face du ministère de l'Intérieur gardé par des soldats américains, des milliers de policiers en civil et en tenue tentaient hier de se mettre d'accord sur les modalités d'une reprise du travail. Le nouveau chef «autoproclamé» de la police, le général Zoheir Nouri, a eu quelque mal à se faire entendre par des hommes déboussolés, amers d'avoir été bafoués par les forces américaines. «Ce sont eux qui ont ouvert à coups de canon les portes des entrepôts aux pillards, je les ai vus de mes yeux, s'emportait le commandant Hamid. Les Américains ont causé ce bordel, qu'ils le gèrent !!!»
Ceux-ci étaient beaucoup plus présents hier, installant des barrages filtrants où les pillards sont «invités» à abandonner leur butin, prenant position autour des hôpitaux et des ministères et allant parfois jusqu'à arr