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Libération

«S'il y avait un leader chiite, ça se saurait»

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Un imam de Bassora craint un après-Saddam compliqué.
publié le 15 avril 2003 à 22h50

Bassora envoyé spécial

Il ponctue ses réponses d'éclats de rire iconoclastes. «Vous ne pensez pas qu'on va devoir traîner tous les trois millions d'ex du parti Baas à Guantanamo, non ?» Il ironise à l'évocation de son dernier projet, une clinique privée, en rade : «Depuis un siècle, l'Irak subit une guerre tous les vingt-cinq ans. Je devrais avoir enfin le temps de l'achever...» Ou il lisse sa barbe noire, rajuste sa robe anthracite et se fait parfois plus sombre : «Le chaos actuel révèle la souffrance d'un pays qui a trop longtemps vécu dans le chemin du vol organisé. Les pillages doivent être punis.» Par la charia ? «Non, non, sourit-il à nouveau, ce serait antidémocratique. Notre islam ne doit pas être imposé par la force, mais par la conviction. La charia ne peut être appliquée qu'à l'intérieur d'une communauté qui partage cet idéal.» Sayed Abid Ali al-Moussaoui est un homme d'affaires au business tentaculaire (terres, industries, hôpitaux) par «pragmatisme». Il est aussi et surtout un imam, un ouléma, un gardien de la loi chiite, par tradition. On n'échappe pas à son destin lorsqu'on est un héritier. Un homme nourri dans le sérail de son père, Sayed Ali al-Moussaoui. Un «descendant du Prophète». Son père se meurt, la succession s'entrouvre. Et avec elle, les portes de la plus belle mosquée de Bassora, aux voluptueux dômes turquoise. Tapis derrière les colonnes d'un second lieu de prière, ses fidèles, les plus influents de la deuxième ville du pays, affichent tous des air