Marseille de notre correspondant

Condamné en 2001 à cinq ans de prison pour avoir posé des bombes contre des locaux du Front national dans les Bouches-du-Rhône, Yves Peirat, 43 ans, a été libéré le 10 janvier. Il revient sur ses 39 mois de détention.

«Le livre de Véronique Vasseur (Médecin-chef à la prison de la Santé, janvier 2000, ndlr) a donné un bref coup de projecteur sur la prison. On a dit "oh! la,la! ils vivent dans des conditions dégueulasses, on va construire de nouvelles prisons, comme ça ils seront seuls en cellule et ils auront une douche". On nous parlait d'"humaniser" les prisons. Mais d'abord, quand on construit de nouvelles prisons, on va fatalement les remplir. De toute façon, c'est retombé. Deux rapports parlementaires ont pointé du doigt les problèmes, et puis on est passé à autre chose. Marylise Lebranchu (garde des Sceaux du gouvernement Jospin, ndlr) a préparé un projet de loi pénitentiaire avec quelques avancées. Mais elle l'a repris sous le bras en disant "ce n'est pas très porteur". Et puis, c'est bien de s'occuper des douches, mais si c'est pour pourrir trente ans en prison, bonjour l'humanisation. Le vrai problème, c'est le sens de la peine. Depuis dix ans, elles ne font que s'allonger : là ou tu prenais un ou deux ans, tu en prends quatre. Il y a de moins en moins de libérations conditionnelles et de permissions. Aujourd'hui, on te dit que la solution, c'est d'enfermer. Il y a un consensus effroyable de droite à gauche là-dessus. Mais on est en tra