Pékin, de notre correspondant.
La scène se déroule début mars à Pékin. Le premier cas de pneumopathie atypique a été enregistré le 1er mars dans un hôpital de la capitale chinoise, et les autorités décident... d'étouffer l'affaire. Le 5 mars, devait s'ouvrir au Grand Hall du Peuple, sur la place Tiananmen, la session annuelle du Parlement chinois, qui devait désigner le nouveau président et le nouveau Premier ministre : un moment hautement ritualisé du pouvoir communiste que rien ne devait venir perturber. De l'épidémie, il ne sera jamais question pendant les deux semaines de réunion des «élus du peuple».
Mensonge et confusion. Les Pékinois, et le reste du monde, ne connaîtront l'arrivée de l'épidémie dans cette capitale de 13 millions d'habitants que près d'un mois plus tard. Et encore, de manière incomplète, minimisée, au point que, hier, les experts de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ont décidé de rendre publiques leur insatisfaction et la nécessité, pour les autorités chinoises, de devenir des partenaires fiables et crédibles dans la lutte contre cette épidémie qui concerne et inquiète le monde entier.
Cinq mois jour pour jour après la découverte, dans le sud-est de la Chine, du premier cas de cette «première maladie grave du XXIe siècle», selon la formule de l'OMS, le gouvernement chinois continue de s'empêtrer dans une attitude qui va du mensonge à la confusion. Il a dérouté au passage ses partenaires les plus conciliants, effrayant dans un premier temps les fam