Fan de commémorations, le Front national va célébrer ce week-end, lors de son congrès à Nice, un double anniversaire: ses trente ans d'existence et le premier tour de l'élection présidentielle. Et l'extrême droite entend aussi profiter de cette grand-messe pour tirer les leçons du scrutin élyséen d'il y a douze mois. Celles-ci s'avèrent contradictoires. Car si Le Pen a pu avancer dans l'ombre tout au long de la campagne du premier tour, jusqu'à faire irruption en seconde position au soir du 21 avril, dès qu'il s'est retrouvé en pleine lumière, le président du FN a de nouveau été rejeté par une écrasante majorité de Français. Pestiféré, encore et toujours.
Douche. Après la «divine surprise» du premier tour (16,8 %), ce fut donc la douche froide du second (17,7 %). D'un tour à l'autre, alors que plus de trois millions de Français supplémentaires se décidaient à voter, le leader d'extrême droite n'a progressé que de 650 000 voix, soit le niveau de son ex-frère ennemi Bruno Mégret le 21 avril. Pire, toute la société française a occupé le pavé pendant quinze jours pour crier son dégoût de l'extrême droite.
Certes, le FN fait de la qualification de son champion pour la finale élyséenne la preuve qu'il pourrait désormais accéder aux responsabilités. «Le 21 avril n'est pas une fin mais un début», répète Le Pen. En écho, sa fille Marine, qu'il s'apprête à bombarder au bureau exécutif (Libération du 17 avril), en fait «un point de départ». Mais ce sont surtout les manifestations de l'en