Dans des bâtiments dévastés, le passé de l'ancien régime irakien gît à ciel ouvert. Il suffit de se baisser pour ramasser les registres de la terreur la plus implacable et la plus sauvage. Les scènes décrites par notre envoyé spécial se sont reproduites des dizaines de fois, dans toutes les villes irakiennes. Pour les baasistes en effet, la torture et l'assassinat formaient l'ordinaire de la pratique du pouvoir. S'il importe de le souligner, ce n'est pas par goût pour l'épouvante mais parce que trop d'obligés du régime, par exemple les chantres des «amitiés franco-irakiennes», ont éhontément prétendu le contraire.
Cela veut dire aussi que les coupables doivent désormais rendre compte devant quelque forme de tribunal. La difficulté de savoir quel type de juges doit présider son procès se pose à chaque fin de dictature. Faut-il un tribunal national plutôt qu'international, voire des magistrats d'un seul pays étranger, comme le souhaitaient ceux qui voulaient voir Pinochet jugé à Madrid ? Dans le cas irakien, la chose se complique du fait des divergences juridiques qui ont précédé l'intervention militaire anglo-américaine. Logiquement, il reviendrait à l'ONU de légitimer une procédure mais les Etats-Unis sont-ils prêts à accepter de réintroduire une autorité qu'ils ont écartée avant d'agir et de créer les conditions concrètes par lesquelles un jugement des criminels est devenu possible ?
Pour qu'un procès ait une véritable portée politique et pédagogique, il importera qu'il ne so