Après avoir voulu autrefois incarner la modernité giscardiennne des années 70 avec un Futuroscope qui ne fait plus recette, l'élu du Poitou qu'est Jean-Pierre Raffarin rêverait-il aujourd'hui d'un «Nostalgiscope» ? L'attraction serait une sorte de machine à remonter le temps où, à coups de prime allaitante et de salaire maternel, on reviendrait à la France de papa, à l'époque où la natalité était assez en forme pour payer les retraites de tous, où le chômage des femmes ne venait pas gonfler la statistique du mal d'emplois. Ce chromo d'une France des mères au foyer, des épouses dépendantes, des pères tout-puissants et des enfants obéissants s'est effacé depuis la fin du gaullisme. Aiguillonnées par les luttes féministes, gauche et droite et plutôt la première que la seconde ont oeuvré depuis trente ans pour faire de la France une sorte de modèle, ce n'est pas si fréquent, où taux d'activité des femmes et taux de fécondité sont parmi les plus hauts d'Europe. Plus d'égalité mène à plus de natalité. Belle équation que devraient applaudir les plus militants des féministes et des natalistes. Mais ce théorème national n'a pas empêché une part de la droite de conserver la nostalgie de la mère à la maison, comme s'il était établi que c'est bien là le mieux pour le développement de l'enfant, le bien-être du couple et l'épanouissement de la femme. Largement sujette à caution, cette philosophie a conduit Jacques Chirac à plaider pendant sa campagne pour un salaire maternel, vieille
Éditorial
«Nostalgiscope»
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publié le 29 avril 2003 à 23h02
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