Les ancêtres des sociétés d'autoroute sont des moines. C'est Napoléon Ier qui, par une loi du 4 avril 1806, instaure le premier péage sur la route du Simplon reliant la France à l'Italie. Les recettes vont aux religieux chargés de l'entretien de ces 200 kilomètres. En 1955, le gouvernement français reprend le même principe, celui de la concession, et le transpose au réseau autoroutier dont il projette la création. Les automobilistes doivent s'habituer à verser une dîme. Mais, se rassure-t-on alors, les péages ne sont pas là pour durer. Trente ans, quarante au plus, le temps de rembourser les travaux... «L'usage des autoroutes est en principe gratuit», stipule même la loi de 1955 instituant le système de la concession.
Vache à lait. Mais tout déraille. Le provisoire perdure. Et il n'est plus question d'abandonner les péages, même lorsque le territoire sera recouvert d'autoroutes. «Aujourd'hui, les dividendes versés par les sociétés d'autoroute sont marginaux parce qu'ils ont encore à digérer le programme de construction, mais demain, ils seront très importants», dit-on dans l'entourage du ministre des Transports, Gilles de Robien. En cinquante années d'existence, le péage a changé de nature : moyen de financement des infrastructures de transport, il est aujourd'hui une vache à lait, une rente perpétuelle. C'est tout l'enjeu des privatisations à venir.
Lorsque les péages sont institués, en 1955, la France ne compte que 80 kilomètres d'autoroutes. Pour rattraper son retard face à