Luc Ferry est en train de prouver que Claude Allègre a fait moins de mal qu'on ne l'imagine à l'école. A tout le moins qu'il fut bien plus le révélateur que le déclencheur du «malaise enseignant». Car les mouvements de contestation auxquels Luc Ferry est aujourd'hui confronté ressemblent à s'y méprendre aux soubresauts qui ont agité l'Education nationale de 1997 à 2000.
Ces mobilisations se nourrissent avant tout du désarroi d'une communauté éducative, tous corps confondus, qui a le sentiment de se faire taper sur la tête au lieu de recevoir la protection de l'Etat, en la personne de son ministre.
La question des moyens est emblématique de cet état d'esprit. Claude Allègre, confronté à la même rigueur budgétaire d'airain, l'a mesuré avant Luc Ferry. Il y a laissé son poste ; et Lionel Jospin un «plan pluriannuel de recrutement» aujourd'hui remis en cause par Luc Ferry.
Limites. Ce dernier s'est donné pour priorité de réduire la «fracture scolaire» autant que la facture scolaire. Sans voir que les deux sont intimement liées : l'une ne se réduira pas sans l'autre. Il vient de le prouver en promettant hier de créer 2 000 classes dédoublées en cours préparatoire, ciblées sur les écoles qui accueillent le plus d'élèves en grande difficulté. Nul ne s'y opposera. Cela coûtera cher et, à long terme, on peut imaginer que de telles approches sont de nature à réduire la «fracture».
Mais il faudra d'ici là répondre à un «malaise» qui est loin de se cantonner aux établissements difficiles et