Menu
Libération
Éditorial

Tableau noir

Article réservé aux abonnés
publié le 6 mai 2003 à 22h53

Encore une grève générale dans l'Education nationale ! Ou l'arme est devenue d'une affligeante banalité, un moyen comme un autre de s'octroyer un jour de congé à bon compte, ou elle est le signe, plus inquiétant, que le monde enseignant est entré dans l'ère du ras-le-bol, dernier sas avant la jacquerie. A voir s'accumuler les motifs de grogne, sans doute faut-il privilégier le deuxième terme de l'alternative. Les énumérer relève désormais d'un inventaire à la Prévert : le budget se réduit, qui amène à penser que l'Education n'est plus la priorité du gouvernement ; la décentralisation se profile, qui laisse craindre l'avènement d'une école plus inégalitaire soumise au bon vouloir des régions ; la violence perdure, qui confirme une crise générale de l'autorité ; le débat sur le foulard ressurgit, qui pointe de nouveau la crise du modèle républicain français. Le tableau est sombre. Il n'est pas forcément conforme à la réalité vécue par tous les personnels de l'Education. Mais il est celui, quotidien, que vivent certains établissements, par exemple en Seine-Saint-Denis ou dans le Val-de-Marne. Et celui que tous les profs croient voir planer comme une menace au-dessus de leur tête. Alors quand, en sus, le gouvernement annonce qu'à l'instar de tous les Français, ils devront travailler plus longtemps pour toucher une retraite pleine, ils fulminent. La perspective ajoute à leurs tourments qui grossissent depuis l'entrée en fonctions de Luc Ferry. Il n'est pas le premier ministre de