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Libération

Paris: le XIIIe déserté.

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Le quartier commerçant chinois se sent ostracisé.
par Emmanuèle Peyret et Frédérique CHAPUIS
publié le 7 mai 2003 à 22h55

Dans ce petit bar de la galerie marchande des Olympiades, en plein coeur du quartier chinois de Paris, deux vieux Chinois s'enivrent au Cognac glaçons, accoudés au zinc. Pour oublier le Sras, cause de la désertification du XIIIe arrondissement parisien, à en croire les commerçants pour une fois unanimes.

Pas un promeneur européen en vue, pas de cars, pourtant légion d'ordinaire dans le coin à cette époque, venus là en visite exotique : «On a perdu en gros 30 % de notre chiffre habituel, lâche la barmaid. La banlieue, la province ne viennent plus. Les touristes, quoi. On n'a que les habitués qui viennent, comme chez le coiffeur d'à côté.» A la pharmacie de la galerie, tout près de chez Tang Frères, le gigastore asiatique qui a beaucoup contribué à la réputation du «quartier chinois», même écho. «On s'ennuie à mourir, s'amuse la pharmacienne, personne ne passe. On a toujours des touristes à la parapharmacie. Là, rien. Cela s'est accéléré depuis une semaine, tous les commerces sont touchés.» Mais, dit-elle, «on ne vend plus du tout de masques». Les mêmes qui, il y a un mois, juraient la main sur le coeur n'observer aucun changement dans le quartier semblent aujourd'hui s'être donné le mot pour constater le désastre.

Dans cette petite boutique remplie de petits bouddhas et de pyjamas en soie, la patronne effondrée, parle de «60 % de chiffre d'affaires en moins», de «ce virus et la panique qui va avec. C'est très mauvais pour les affaires. Les gens regardent la télé, ils sont inqui