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Libération
Éditorial

Marécages

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publié le 9 mai 2003 à 22h57

Il est plus facile d'abattre une dictature dans un pays du tiers-monde que d'y rebâtir une société libre et prospère. Un mois après avoir renversé Saddam Hussein, les Américains en font chaque jour le constat. L'Irak a certes été libéré de la tyrannie, mais il reste menacé de chute libre dans le chaos. Le pays, il est vrai, ne s'est pas désintégré dans des guerres, civile ou religieuse. On n'y voit ni désastre humanitaire, ni «résistance», ni soulèvement islamique. Mais il n'y a toujours ni service public ni activité économique, l'insécurité est endémique comme la pénurie. Le seul pouvoir y est celui des fusils. Comme le notait hier le New York Times, «les premières semaines de l'occupation américaine... ont beaucoup laissé à désirer».

Bush et les siens devaient s'attendre à ce que n'aille pas de soi la transition d'un régime sanglant à une ébauche de démocratie, menacée par le double écueil de l'anarchie et de la théocratie. Force est pourtant de constater qu'ils semblent avoir bien moins préparé l'«après-guerre» que la guerre elle-même. Comme ils n'ont pas déniché les armes de destruction massive dont l'existence supposée rendait, selon eux, la guerre nécessaire, la création d'un Etat démocratique, capable d'assurer aux Irakiens libertés et prospérité, est pourtant la seule manière de dissiper l'hostilité qu'a soulevée dans le monde entier leur intervention armée et de mobiliser la coopération internationale indispensable pour bâtir le nouvel Irak.

Ils demandent aujourd'hui